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Chirurgie transgenre : une technique novatrice à l’Hôpital privé Geoffroy Saint-Hilaire

le 23/05/2022

L’Hôpital privé Geoffroy Saint-Hilaire (Ramsay Santé), situé à Paris, a réalisé pour la première fois, le 21 mars 2022, une chirurgie de confirmation de genre Homme-Femme. Cette procédure consiste  à effectuer une vaginoplastie par voie transpérinéale avec une inversion pénienne et une autotransplantation tissulaire.

Actuellement développée par le service d’Urologie du Pr Ervin Kokjancic à Chicago (États-Unis), la vaginoplastie par voie transpérinéale est une technique innovante permettant de créer un périnée féminin à partir des tissus natifs du périnée masculin de la patiente. Explications avec le Pr Bruno Deval, gynécologue obstétricien

Le mois dernier, à la suite d'un suivi par un psychiatre et d’une prise en charge en endocrinologie, une jeune patiente transgenre de 21 ans a bénéficié d’une vaginoplastie par voie transpérinéale, intervention chirurgicale innovante visant à construire des parties génitales féminines externes sensorielles.

Une première à l’Hôpital privé Geoffroy Saint-Hilaire

« Les personnes transgenres vivent un drame personnel psychologique très fort lors de leur enfance qui s’exprime et se manifeste de façon plus intense au moment de leur adolescence. Un enfant né fille se sent garçon tandis qu’un enfant né garçon se sent fille », explique le Pr Bruno Deval, gynécologue obstétricien. À l’heure actuelle, la population Transgenre est estimée à 500.000 personnes en France. « La population MtF (transgenre homme-femme) semble supérieure à la population FtM (transgenre femme-homme) », souligne le professionnel de santé.

À l’âge adulte, la souffrance psychologique peut conduire à demander une demande de chirurgie de transition. La vaginoplastie  est l’opération chirurgicale de transition de l’homme vers la femme pour la population MtF. Elle permet la création d’un périnée féminin comprenant les grandes et petites lèvres, un néoclitoris ainsi qu’un vagin à partir d’un périnée masculin.

« L’innovation de cet acte chirurgical est l’association d’une inversion pénienne et d’une autotransplantation de tissus natifs », précise le gynécologue obstétricien. Lors de l’intervention, le chirurgien réalise une préparation du transplant avec la peau du scrotum ainsi qu’une orchidectomie, c’est-à-dire une ablation des testicules. Il effectue ensuite la création d’un espace entre la prostate (laissée en place) et le rectum, enlève les corps spongieux présents dans le pénis et crée à partir du gland, un néoclitoris. L’urètre masculin est sectionné et réimplanté. En fin d’opération, le périnée féminin est créé.

Les suites opératoires

Une vaginoplastie par voie transpérinéale dure de cinq à six heures. Les patientes sont ensuite hospitalisées pendant quinze jours et reçoivent des soins postopératoires. Une sonde et une mèche sont placées dans le vagin au cours de l’intervention et sont retirées au bout de six jours. « Au dixième jour, la patiente utilise un mandrin, autrement dit un dilatateur vaginal, afin que la perméabilité du vagin soit conservée. Ces soins du périnée sont encadrés par une équipe de soignants », indique le praticien. Avant d’ajouter : « il est important de respecter le temps d’hospitalisation pour que les soins de suite soient parfaitement organisés ».

L’importance d’un suivi pluridisciplinaire en amont de l’intervention

La chirurgie de transition repose sur une prise en charge multidisciplinaire et regroupe des disciplines transversales comme la psychologie, l’endocrinologie, l’urologie, la gynécologie ou encore la chirurgie plastique. Le Pr Bruno Deval insiste sur l’importance du parcours de soins. Les patientes doivent être prises en charge en amont et en aval du geste chirurgical. Elles doivent faire l’objet de concertations pluridisciplinaire et la consultation d’un comité d’éthique n’est pas à exclure. La relation avec l’équipe médicale doit être constante, à aucun moment ces patientes ne doivent être perdues de vue.

La chirurgie de confirmation de genre est un geste délicat qui doit s’intégrer dans une politique médicale parfaitement définie au préalable. Toutes les indications doivent faire l’objet de concertation, le choix du patient ou de la patiente étant irréversible.